L’action d’Enfants
du Mékong au Vietnam
Programme de
parrainage de Lang DIen
On réduit souvent le Vietnam, quand on le connaît peu, à la guerre qui l’a profondément marqué. Mais qu’est devenu le Vietnam aujourd’hui ? Un pays aux mille couleurs, mélange de chapeaux coniques, de rizières, de vélos, de pagodes. C’est aussi un pays qui reste, malgré ses efforts, encore très pauvre et qui tente une alliance paradoxale : faire cohabiter une idéologie communiste encore sévère avec un système capitaliste sans limite
Le Vietnam est
recouvert en grande partie de montagnes et de collines. Entouré de la Chine, du Laos et du
Cambodge, toute sa côte Est donne sur la mer.
La superficie est
de 333 000 km2 pour une population de 80 millions d’habitants.
La capitale Hanoi
est la deuxième plus grosse ville après Ho Chi Minh
ville, anciennement appelé Saïgon.
L’histoire
du Vietnam reste profondément marquée par les diverses invasions chinoises et
occupations étrangères,
dont la dernière est celle des japonais à l fin de la deuxième guerre mondiale.
Protectorat français au nord (Tonkin) et au centre (Anam),
colonie française au sud (Cochinchine) de 1887 à 1945, le Vietnam est unifié
sous l’impulsion de l’empereur Bao Daï en 1946.
Sous
l’autorité d’Ho Chi MInh, les communistes refusent la suzeraineté
de l’empereur et sa politique d’alliance avec le France ; soutenus par la
Chine, les troupes communistes défont les troupes vietnamiennes loyalistes et
le corps expéditionnaire français à Dien Bien Phu. Les accords de Genève (1954) établissent la partition
du Vietnam en deux états, démarqués par le 17ème parallèle
(Hué) : la république démocratique du nord Vietnam, devenue communiste, et
le sud Vietnam, où l’empereur nomme Ngo Dinh Diem comme premier ministre du nouvel état. Ce
dernier, soutenu par les américains, évince l’empereur et
fonde la république du sud Vietnam.
Mais les
Vietcongs multiplient attentats et embuscades pour essayer de s’emparer
de la république du sud Vietnam. Celle-ci résiste et obtient l’aide
massive des américains en 1965. La guerre fait l’objet d’engagements considérables
de part et d’autre. Sous la pression de mouvements d’opinions parfaitement
orchestrés, l’armée américaine, abandonnée par son opinion publique et la
communauté internationale, retire son aide aux troupes du sud Vietnam en 1973,
après la signature des Accords de Paris. Le sud Vietnam,
brusquement sans appui, alors que son ennemi du nord bénéficie de l’aide
massive du « Grand Frère » soviétique, ne résiste pas à l’offensive
d’avril 1975.
La
guerre est finie, le bilan est désastreux : un pays ravagé, un carnage humain. La guerre du
Vietnam marquera longtemps les mémoires, de nombreux films relateront
l’apocalypse que fut cette guerre. Les Vietcongs,
communistes, sont désormais au pouvoir,
tous les postes de commandement de l’ancienne république du sud sont pris par les nord Vietnamiens. Ces derniers réunissent le Vietnam
sous le nom de République socialiste du Vietnam.
Terme utilisé
par le journaliste français Michel Tauriac, pour
désigner les populations qui voudront à toute force s’enfuir de 1975 à 1989. Commence alors l’exode le plus considérable de l’histoire
contemporaine ; plus d’un million et demi de gens fuient le régime
communiste, notamment par la mer de Chine ou dans le golf de Siam. Plusieurs
centaines de milliers de personnes sont exécutées ou envoyées en camp
de concentration appelés « camp de rééducation ». La population fuit notamment en bateau au prix de
risques insensés et est pour près de la moitié
(700.000 personnes) noyée à cause des
gardes côtes, des pirates ou de la mousson.
Cette période
terrible voit naître d’innombrables actions de solidarité envers les
victimes. Citons parmi
elles, l’action de Bernard Kouchner rendu célèbre par son bateau-hopital,
« l’Ile de lumière », celle de Père Ceyrac
et d’Enfants du Mékong, particulièrement actifs dans
les camps de réfugiés en Thaïlande, à Hong Kong, en
Malaisie ou aux Philippines. En France, aux USA, en Australie, au Canada,
l’accueil des réfugiés est considérable. Ceux-ci sont particulièrement
appréciés par leur volonté manifeste de s’intégrer et de travailler avec
ardeur. EDM sera particulièrement actif pour organiser leur intégration.
La Doïe Moïe :
Depuis 1991, le pays
s’ouvre aux dollars, c’est « le renouveau » : la
privatisation est massive, les régions bénéficient d’une grande autonomie,
l’embargo américain est levé en 1994, la libéralisation économique est lancée
et les frontières ouvertes aux capitaux étrangers. Une légère ouverture idéologique est
amorcée. Celle-ci ne va pas jusqu’à
l’application des Droits de l’Homme au profit des
populations minoritaires chassées de leurs terres, dont s’emparent « les
capitalistes rouges » venus du nord pour rentabiliser ces sols. C’est la
raison des récents soulèvements des montagnards de ces dernières années (mars
2001).
La
monnaies vietnamienne est le dông : 1 € = 18000 à 20000 dôngs selon le
cours du moment. Toutes les réformes vont dans le sens de l’économie de
marché. Aide à l’initiative privée,
encouragement aux investissements étrangers (joint-ventures), entrée dans
l’ASEAN en 1995. Mais la situation reste difficile : l’inflation perdure,
ralentissement du développement suite à la crise économique asiatique, mais
aussi forte corruption. Le Vietnam exporte principalement du riz et du café.
L’industrie représente un tiers du PIB (textile, confection de chaussures…). Le
secteur des services représente 40% du PIB. Le tourisme se développe.
Pourtant
la pauvreté est encore grande, et les disparités entre riches et pauvres
s’agrandissent.
La
religion est très présente dans la vie des vietnamiens. La moitié
d’entre eux sont bouddhistes. Le
confucianisme venu de Chine, et l’animisme s’y mélangent souvent. Le
catholicisme (entre 10 et 20%) se développe et est très présent par son
activité sociale. L’islam progresse au sud-ouest, notamment chez les champs. La
vie et les coutumes sont souvent très empruntes de religion.
Fêtes :
La plus
grande fête à connaître est la fête du Têt. C’est le nouvel an. On le célèbre entre le 1er et le 7ème
jour de l’année lunaire, vers fin janvier, début février. Les vietnamiens ont
droit à quelques jours de congés. Les boutiques ferment : chacun est prêt
à accueillir les âmes des morts qui reviennent sur terre. C’est souvent
l’occasion de faire éclater de nombreux pétards pour accueillir les morts et
chasser les mauvais esprits. Depuis 1995, ils sont interdits, car ils font de
nombreux morts chaque année…
Le
15 mai c’est la fête de la naissance, de l’illumination et de la mort de
Bouddha. Des lanternes
sont accrochées dans les maisons et dans les pagodes et des processions se
déroulent pendant la soirée.
Le
15ème jour du 8ème mois lunaire est célébré la fête de la lune. Les enfants défilent dans la rue avec
des lanternes en forme d’animaux et l’on confectionne des gâteaux en forme de
lune.
Les
vietnamiens, et les asiatiques de manière générale, mettent un point d’honneur à ne pas perdre
la face. Rares seront les fois où vous
verrez un vietnamien s’énerver. Il ne faut jamais prendre à défaut un vietnamien,
toujours lui laisser une porte de sortie. Lui faire perdre la face est
extrêmement grave : la confiance est rompue, le dialogue n’est plus
possible.
Les
asiatiques cherchent toujours à répondre ce que vous souhaitez entendre et non
la vérité. Ainsi, quand
vous demandez votre chemin, la personne en face de vous vous donnera coûte que
coûte une réponse, même si elle ne sait pas. Vous serez alors surpris de
n’avoir toujours pas trouvé votre route !
Il
ne faut jamais toucher la tête des enfants.
Assis, au sol
bien souvent, vos pieds ne doivent jamais pointer
vers quelqu’un, vous
vous mettez en tailleur, ou mettez les pieds sur le côté en arrière.
On
se déchausse avant d’entrer dans une maison et dans une pagode.
Vous verrez
souvent les femmes très couvertes : gants qui remontent sur les bras,
vêtements longs. Cela tient à la fois de la pudeur, mais aussi parce que la
peau blanche est un critère de beauté. Sur les plages, les vietnamiennes se baignent le plus souvent
habillées.
Quand
vous offrez un cadeau, la politesse veut qu’on ne l’ouvre pas en votre présence. Ne vous vexez donc pas !
Enfin
marchander est normal.
Les prix ne sont jamais fixés, le marchandage est attendu par les commerçants.
Si vous êtes étrangers, les marchands multiplient facilement par deux ou trois
le prix réel de l’objet qu’il souhaite en retirer.
En 2002, environ 86% des enfants fréquentaient l’école primaire,
et 67% l’école secondaire.
Le système scolaire vietnamien est resté calqué sur le
système français. Entre 2 et 6 ans, les
enfants peuvent aller à la garderie, permettant à leur maman de travailler aux
champs. A partir de 6 ans, les enfants rentrent à l’école primaire, en LOP1, équivalent
au CP en France. La primaire dure cinq ans. Ils
enchaîneront ensuite par le collège, du LOP6 au LOP9 (6ème à la 3ème
en France), et le lycée pendant 3 ans (LOP10 au LOP12).
La garderie dure
2 ou 3 ans et les établissements sont pour la plupart tenus par des
religieuses. Celles-ci leur enseignent le chant, le dessin, comment vivre en
communauté (cours de politesse…). Les enfants font du sport, une sieste tous
les jours, et ont un repas consistant et équilibré le midi.
A l’école
primaire, les enfants apprennent le vietnamien, la grammaire, la géographie,
l’histoire, l’instruction civique, et font du sport. Ils n’ont cours que le
matin, l’après-midi étant consacré aux révisions, ou à l’aide domestique à la
maison. La plupart s’occupent des animaux, ou vont à la pêche. En fin de LOP5
(CM2), les enfants doivent réussir un examen pour passer au collège.
Les collégiens
apprennent en plus l’anglais. Comme en primaire, ils n’ont cours que le matin,
et l’après-midi est souvent utilisé pour prendre des cours supplémentaires
payants dispensés par leurs professeurs, et parfois même obligatoires. Pendant
longtemps, la pratique de l’anglais était interdite : ainsi les enfants
l’apprenaient mais n’avaient pas le droit de parler la langue, ce qui ne favorisait
pas les progrès. En fin de LOP9 (3ème), les élèves doivent passer
un examen.
4 filières sont
proposées au lycée : général, scientifique, médical ou littéraire. A la
fin du LOP12 (terminale), ils passent le baccalauréat. 90% des élèves le
réussissent chaque année.
Après l’école,
les jeunes ont la possibilité de poursuivre, comme en France, leurs études à
l’université, ou des cursus plus spécialisés : ingénieur, médecine,
anglais, informatique… Ils ont deux sessions d’examens pendant l’année.
Voici un
petit tableau récapitulatif pour vous faire une idée des coûts de scolarisation
en fonction du niveau des enfants :
Niveau |
Garderie |
Primaire |
Collège |
Lycée |
Université |
Coût de base (frais de base, plus activités
hebdomadaires, ménages, électricité…) |
200.000VND par mois en demi-pension |
400.000 VND par an |
450.000 VND pour l’année |
535.000 VND pour l’année |
Anglais :
3,6millions VND Médecine,
informatique : 4millions VND Economie :
2,5 millions VND par an |
Uniforme (1 par an obligatoire) |
Non |
30.000 à 60.000 VND |
50.000 à 100.000 VND |
180.000 VND (pour les filles) ou 140.000 VND (pour les garçons) |
|
Cours supplémentaiers |
Non |
20.000 VND / mois |
40 à 50.000 VND / mois |
40 à 50.000 VND / mois |
|
Demi-pension |
6.000 VND / j |
6.000 VND / j |
6.000 VND / j |
6.000 VND / j |
|
Matériel |
|
Tenue de
sport : 70.000 VND Cahier :
2.000 VND Livres :
15 à 100.000 VND Vélo :
300 à 600.000 VND |
Livres et photocopies |
||
TOTAL |
360.000 VND / mois (avec le repas de midi) ≈ 18 € |
1 million de VND / an (sans le repas de midi) ≈ 50 € |
1,3 millions VND / an (sans repas de midi) ≈ 65 € |
1,5 millions VND / an (sans le repas de midi) ≈ 75 € |
Très variable en fonction du cursus, il faut compter en plus le
logement |
L’école
n’est à la base pas très chère. Mais un certain nombre de frais sont à payer en
plus, qui rendent
l’école au final très coûteuse. Les cours supplémentaires sont indispensables
voire obligatoires à partir du collège. Dispensés par les enseignants, ceux-ci
ont trouvé cette méthode pour arrondir leur fin de mois, étant trop peu payés
par le gouvernement (150.000VND / mois en garderie, 700.000 VND / mois pour les
professeurs en primaire et collège, 1,2 millions VND / mois au lycée). Ils font
souvent aussi payer les photocopies, ou organisent des fêtes et tombolas
payantes et obligatoires. L’uniforme est obligatoire et il doit être racheté
tous les ans.
EDM après être intervenu depuis 1981 aux côtés des boat-people dans les camps d’Asie su sud-est, agit au
Vietnam depuis 1990. De nombreux responsables
assurent le relais sur le terrain auprès des enfants parrainés. La plupart d’entre-eux sont des religieux. Par leur statut, ils sont
amenés à côtoyer les plus pauvres et connaissent ainsi où sont les besoins les
plus urgents. Sans distinction de religion ni d’appartenance politique, EDM vient en aide aux enfants les plus démunis, dont la
situation familiale et financière justifie largement l’aide.
Les vietnamiens
sont très actifs et n’ont pas peur de travailler beaucoup : les demandes
d’ouvertures de programmes sont nombreuses et se multiplient. EDM a ainsi 80%
des parrainages au Vietnam.
Leurs actions
s’étendent du nord au sud du Vietnam. Ils ont mis la priorité sur le centre,
plus pauvre, parce que surtout peuplé de minorités ethniques.
Non
déclarées au Vietnam, dans le seul but d’éviter la corruption pour que les
enfants touchent la totalité de leur parrainage, EDM se doit de rester très
discret. Le gouvernement connaît leur action et, dans la mesure où ils ne lui
font pas d’ombre, il les laisse agir. EDM demande donc aux parrains qui se rendent au Vietnam pour
rencontrer leur filleuls, de rester discrets, d’éviter de parler d’EDM autour d’eux, et de prendre contact avec EDM au moins
deux mois avant le voyage prévu. EDM les met en relation avec le responsable
local qui dira au préalable s’il est possible de venir leur rendre visite.
Le
parrainage est indispensable à ces enfants. C’est le responsable local qui remet l’argent aux filleuls
ou à leurs parents. Chacun ensuite l’utilise prioritairement pour la
scolarisation, mais aussi parfois pour la nourriture quand elle manque,
l’habillement et les soins nécessaires. L’aide apportée vient bien au-delà de
la scolarisation. Pour tous ces enfants qui pourront prendre le
chemin de l’école, cela évitera qu’ils travaillent dès leur plus jeune âge.
PROGRAMME DE PARRAINAGE DE LANG DIEN
I – Quelques mots sur
la région
Ce
programme se trouve à 120km environ au nord-ouest de Vinh
(dans le nord du Vietnam), dans une région très retirée, près de la frontière
laotienne. Cette zone est difficile d’accès aux étrangers. Le climat
politique y est tendu. La plupart des
habitants de la région dont agriculteurs. La distance avec les centres
économiques et culturels de cette zone, les champs stériles, la voie de
communication accidentée (sentier en pente et ruisseau), et le temps rigoureux
sont autant d’obstacles au développement de cette région et à l’amélioration
des conditions de vie des villageois. Depuis la décollectivisatisation
des terres au début des années 90, la plupart sont propriétaires ; ils
possèdent des terrains proportionnels à la taille de leur famille (une famille
moyenne possède environ deux saos, soit 1000m2
de rizières). Les rendements ont un peu augmenté avec la redistribution mais
les revenus restent maigres et nombreux sont les enfants qui, arrivés à l’âge où les
bras peuvent servir à nourrir la famille, doivent quitter les bancs de l’école
pour prêter main forte aux champs ou récolter le bois dans les forêts
environnantes.
Lang Dien est un village de montagnards ; ce terme de
« montagnards » désigne l’ensemble des minorités ethniques qui
peuplent la chaîne montagneuse du Vietnam. On compte plus de soixante ethnies
différentes, chacune ayant sa propre langue, mais se référant à des traditions
proches.
Ce
programme existe depuis 7ans. Le Père Fx Hoang Si Huong
en est le responsable depuis 5 ans. Il est le curé du village de Lang DIen et il est aidé d’un traducteur afin d’assurer la
distribution des courriers car il ne parle pas le français.
Une école
d’affection pour tous les enfants du village jouxte le presbytère : les
salles de classe vont du niveau 1 à 5… L’école occupe une demie journée par
jour, le reste du temps, beaucoup gardent le buffle familial, ou ceux d’un
voisin propriétaire.
Grâce
à ce programme 41 enfants sont parrainés à Lang Dien et aussi dans les
villages de Quan Lang et Lang Ha, et aide 72 enfants non-parrainés.
Les filleuls
peuvent ainsi suivre une scolarité normale, le parrainage leur permet également
de se nourrir convenablement et d’aider l’ensemble de la famille.