Nécessité des parrainages au Laos
L’action des
enfants du Mékong dans la région
Le parrainage une aide essentielle
L’association
Enfants du Mékong (EDM) a débuté au Laos, en 1958. Pourtant, elle n’a pu y mettre
en place des programmes de parrainages qu’assez récemment, jusque là empêchée
par un pouvoir politique trop rigide.
Depuis 1995,
une quinzaine de programmes, regroupant en moyenne 30 filleuls ont vu le jour autour des grandes villes
qui bordent le Mékong : Paksé, Savannkhet, Thakhek, Paksane et Vientiane. Chaque programme est géré par un
responsable local qui connaît chaque enfant, sa situation, sa famille. C’est
lui qui distribue l’argent des parrainages et les courriers des parrains.
A Savannakhet,
dans le centre du pays, ce sont des religieux catholiques qui assurent le
relais de l’Association auprès des enfants. Déjà
investis dans les villages auprès des plus pauvres, ils sont venus demander à
l’association de les soutenir dans leur action pour favoriser la
scolarisation des enfants.
Enfants du Mékong
s’appuie beaucoup sur les religieux catholiques au Laos car bien qu’ils ne
représente que 5% de la population (les autres étant bouddhistes ou animistes),
ils sont parmi les principaux acteurs de l’aide sociale et humanitaire.
Le
Laos est un des pays les plus pauvres de la planète. La guerre et l’absence d’accès à la mer
ont nui à son développement. Les infrastructures sont archaïques, l’électricité
qu’il fournit à la Thaïlande n’approvisionne pas encore un grand nombre de
villages du Laos. Le pays est essentiellement rural. La culture de subsistance,
qui représente 60% du PIB, subit régulièrement les inondations et les
sécheresses, poussant les laotiens à chercher un complément de nourriture dans
ce que leur offre la nature.
En 1986, le
gouvernement laotien, un des derniers Etats communistes d’Asie, s’est orienté
vers la décentralisation. La croissance économique s’est
brutalement interrompue par les effets de la crise financière
démarrée en Thaïlande en 1997. Le Laos dépend en grande partie du FMI et de la
Communauté internationale, dépendance qui risque de se prolonger encore.
Aujourd’hui, le
Laos, toujours communiste, est confronté à deux problèmes majeurs : le
faible niveau de la scolarité et le développement insuffisant du domaine de la
santé. Le taux de mortalité et le développement insuffisant du domaine de la
santé. Le taux de mortalité infantile est de 87‰. Les enfants meurent souvent
du paludisme et de dysenteries. Pourtant, quelques médicaments suffiraient à
leur sauver la vie. Mais bien souvent, les parents n’ont pas
d’autre choix que de
laisser mourir leur enfant par manque d’argent.
Les médecins et
infirmières bien formés ne sont pas encore assez nombreux, et les campagnes
manquent cruellement de structures médicales. Seules les villes sont dotées
d’hôpitaux, mais les soins et les médicaments coûtent encore trop chers pour
être accessibles à tous.
III – La situation
scolaire
La
situation scolaire a elle aussi besoin d’être améliorée. La scolarisation de tous les enfants au
Laos n’a vraiment commencé qu’il y a une dizaine d’années. Un instituteur gagne
200.000 kip par mois, ce qui vaut à peu près 24 €.
Les professeurs
sont parfois absents par manque de motivation. De plus, un certain nombre
ignorent les méthodes pédagogiques d’enseignement et transmettent les connaissances
sans tenir compte du niveau des enfants. Comme la hiérarchie est
importante dans les pays
asiatiques, les enfants n’osent pas se manifester quand ils ne comprennent pas.
Les jeunes
accumulent alors les lacunes. Le gouvernement malgré tout, accorde peu
de possibilités de redoublement afin de maintenir de bonnes statistiques. Les enfants montent ainsi de classe en
classe sans pour autant apprendre aussi vite qu’ils le devaient. Si bien qu’ils
finissent leur scolarité avec du retard.
La scolarisation
joue un rôle primordial pour les enfants, même si le niveau est peu élevé. Etre
à l’école, c’est déjà ne pas faire travailler les enfants dans les champs trop
tôt.
Pour ceux qui iront travailler dans les rizières à la fin du lycée, l’école
leur aura permis de prendre confiance en eux, d’être plus autonomes, et de
mieux comprendre tout ce qui les entoure.
Beaucoup aussi,
qui en auront eu la possibilité et la volonté, feront des études
supérieures en médecine,
école normale, langues, informatique… L’école leur aura ouvert les portes d’un
avenir différent de celui de leurs parents. Ainsi, au lieu de travailler à la
rizière, ils deviendront médecins, infirmiers, enseignants, informaticiens,
travailleront dans les usines, ou comme secrétaires.
L’école joue un rôle
important pour les filles
aussi. Elles deviennent plus indépendantes de leur mari et beaucoup d’entre
elles choisissent d’exercer une activité professionnelle plutôt que de
consacrer tout leur temps aux enfants. Habituées à cela, les femmes ne pensent
jamais qu’elles peuvent faire autre chose qu’élever leurs enfants. Les études
leur donnent une autre vision de leur avenir et de leurs capacités.
De plus, elles se
marient plus tard, après leurs études entre 20 et 25 ans, alors que la moyenne
d’âge habituelle pour se marier se situe entre 15 et 18 ans. Elles ont de ce
fait des enfants plus tard et sont plus à même de les élever et de
subvenir à leurs besoins. Les filles prennent aussi conscience de l’utilité de
l’éducation, et le plupart des filleules mettront leurs enfants à l’école à
leur tour.
Savannakhet, au
bord du Mékong, se situe entre Thakhek et Paksé. La population est formée de laotiens, thaïlandais, chinois
et pour la moitié de vietnamiens, que les français ont fait venir au Laos pour
travailler. La ville est encore très marquée par le
passage des français. On
retrouve beaucoup de vieilles maisons de colons, des boulangeries, des stades
et bâtiments construits sur les modèles français.
Même si la ville
en elle-même est une ville assez grande pour le Laos et reste un centre de
petit négoce entre le Vietnam et la Thaïlande, la province de Savannakhet
reste néanmoins très pauvre. Les habitants vivent du riz, et
connaissent souvent des inondations au moment de la saison des pluies, qui leur
font perdre une grande partie de leur récolte. Ce sont alors souvent les
journaliers (qui ne possèdent pas de terre mais vendent leurs services aux
agriculteurs) qui souffrent le plus. La période la plus difficile est au mois
de juillet et août, juste avant la moisson, car le riz devient très cher et les habitants arrivent à la fin de
leurs provisions. Ils vont alors dans la nature chercher de quoi manger.
L’ACTION
DES « ENFANTS DU MEKONG » DANS LA REGION DE SAVANNAKHET
I –
Les responsables
Père Antoine et
Père Philippe, frères de sang, ont la charge des villages chrétiens de la
région. Tous deux parlent parfaitement français et ont pris chacun la
responsabilité d’un programme de parrainages.
Non loin de
l’église, les sœurs de la charité agissent également dans la région. Leur
congrégation a été fondée par Sœur Jeanne Antide en
1799, une sœur originaire de Besançon. Il y a environ 1300 sœurs de la charité dans le
monde, réparties dans 25 pays, elles sont 63 au Laos. C’est en 1934 que Père
Barbier, missionnaire, a demandé à des sœurs de venir au Laos, s’occuper des
orphelinats, de l’enseignement dans les écoles et de la santé dans les
hôpitaux. Depuis, elles conservent cette vocation d’enseignement et
d’infirmière, même si les hôpitaux au Laos ont tous été nationalisés en 1975.
Sœur Marie
Pascale a pris elle aussi la charge d’un programme. Appelée à aider les sœurs
de sa congrégation à Vientiane, elle vient d’être remplacée pas Sœur Marie
Charles.
Près d’une
centaine d’enfants sont parrainés dans cette région.
Nous avons
également aidé nos trois responsables de programmes dans le lancement de
projets de développement : construction d’un collège et d’un lycée au
village de Ban Kheua Khao
Kat, construction d’un château d’eau pour le foyer de sœur marie Pascale, achat
de matériel scolaire, de bancs et bureaux, achat de vélos pour les enfants…
II – Les villages des
filleuls
Quelques filleuls
vivent à Savannakhet même, pour leurs études secondaires. Mais la plupart des
filleuls vivent dans des villages pauvres éloignés de la ville.
Dong Mak Gneo :
Situé à environ 90 km de Savannakhet, le village de
Dong Mak Gneo est l’un des
plus pauvres de la région. Le village a été crée il y a 25 ans. Des familles
animistes, chassées de leur village à cause de leurs croyances, vinrent se
réfugier ici. 200 familles y vivent aujourd’hui. La plupart des maisons sont en
bambou, et les familles sont souvent très nombreuses. Un dispensaire permet aux
villageois d’avoir des soins élémentaires en cas de nécessité. La plupart des
parents ont un emploi journalier. Beaucoup d’enfants ne vont pas à l’école.
L’école primaire se situe à un km du village, à Saumphatvilay, et l’école secondaire à Ban Naun.
Deux sœurs de la
charité aident le Père à gérer le programme de parrainage pour les filleuls de
ce village. Ce sont elles qui s’occupent de faire écrire les enfants. Elles ont
par ailleurs un foyer pour sept filles dont les parents n’ont pas les moyens de
les élever et de leur payer les frais de scolarité. Les filleuls de ce village
sont soit au foyer des sœurs, soit au village même.
Le village de Seno : Situé à 50 km de Savannakhet, le
village est un peu plus développé que les autres villages environnants. Il est
traversé par la piste Ho Chi Minh. IL fut le siège de
l’armée française pendant la guerre. Il reste de nombreuses casernes sur la
route du Vietnam à la sortie du village. Cependant, encore beaucoup de familles
à Seno restent très pauvres. Une école et un collège
accueillent les enfants du village.
Ban Don My : C’est un petit village qui regroupe une cinquantaine de
familles, la plupart bouddhistes. Les parents sont tous riziculteurs. Une
petite école primaire permet aux enfants du village de suivre les cours du P1
au P5.
Père Philippe Tinh, vietnamien d’origine, s’occupe des chrétiens répartis
dans les différents villages autour de Savannakhet. Mais son rôle va bien
au-delà de sa fonction apostolique. Il connaît tous les villageois, leurs
difficultés, et est pour eux leur conseiller, leur soutien moral. Responsable
d’un programme auprès des Enfants du Mékong depuis six ans, le Père Tinh aide aussi tous les enfants pauvres de la région, sans
distinction de religion. Il suit leur scolarité, vérifie qu’ils vont
régulièrement à l’école. C’est lui aussi qui s’occupe des traductions des
courriers échangés entre parrains et filleuls.
La plupart de nos
responsables de programmes au Laos sont des religieux, car ce sont les premiers
à agir autour d’eux pour aider les plus pauvres. En contact avec de nombreuses
familles, ils ne peuvent rester indifférents à leur sort et tentent de les
aider comme ils peuvent. Nous sommes venus apporter notre soutien à une action
qu’ils menaient déjà. De plus, nous les connaissons et savons que nous pouvons
leur faire confiance.
Père Philippe a
la charge du grand séminaire à Thakhek. Il passe
ainsi ses semaines à Thakhek
et rentre le week-end à Savannahet. Son frère, le
Père Antoine, l’aide beaucoup dans la gestion de ses parrainages quand le Père
est absent. Père Philippe est déjà très âgé et très fatigué. Père Antoine, plus
jeune, n’hésite pas à lui proposer de se décharger un peu sur lui.
Père Philippe a
lancé quelques projets de développement pour aider les enfants. Un projet vélos
a permis à un certain nombre d’entre eux de pouvoir se rendre à l’école. Père
Philippe a organisé pour les enseignants de l’école maternelle de Savannakhet
un voyage pour rencontrer d’autres professeurs. A leur contact, ils ont appris
à mieux s’occuper des petits, et ont à leur tour transmis leurs nouvelles
connaissances aux enseignants de la région de Savannakhet.
IV – Le parrainage, une
aide essentielle
Le parrainage
bénéficie à un enfant d’un des villages pauvres de la région de Savannakhet. Il
sert à nourrir, habiller et scolariser le filleul, et bien souvent aussi,
permet de venir en aide à sa famille en cas de besoin.
16 €, ou 31 pour
les étudiants représentent une grosse somme au Laos. Cela permet de soutenir
non seulement le filleul, mais aussi toute sa famille et
d’autres enfants pauvres qui n’ont pas pu bénéficier d’un
parrainage. Plusieurs enfants parrainés dans un village, permet en réalité d’aider
les enfants de tout le village et de toute une école.
La vie étant peu
élevée au Laos, le montant du parrainage permet aux responsables de programmes
de consacrer toujours une partie de la somme à la constitution d’une caisse
commune. Cet argent est
utilisé pour répondre à des besoins urgents pour d’autres familles du village
ou d’autres enfants, notamment au niveau médical.
Père Philippe a
choisi de remettre la totalité de l’argent du parrainage directement au
filleul, qui s’achète ensuite ce dont il a besoin. Bien souvent aussi, le Père
n’hésite pas à donner de sa poche dans les cas d’urgence.
Sans cette aide,
les enfants ne pourraient pas aller à l’école. Ils iraient aider leurs parents
à la rizière, ou, pour les filles, resteraient à la maison aider leur maman à
s’occuper des petits frères et sœurs.